Daedelus « Fair Weather Friends » (Ninjatune/PIAS)


A part l’époque, cette salope impitoyable, rien ne prédisposait a priori Daedelus, insaisissable assembleur rassembleur, narrateur, voltigeur de beats, harpes et strings à faire des prouesses en format court, en forme simple. Habitué, malgré les amitiés d’antan avec les bavards Busdriver ou Radioinactive, des grumelas sautillants, claudicants, crevassés à chaque fin de mesure (l’année dernière, cet élève appliqué de Jay Dee tentait même une risquée percée electrotropicalia, blindée ras-la-gueule de samba surréelle et de samples sales en mission d’entropie), le garçon serait donc infecté, comme tant d’autres, du virus du beat droit comme un i pour hopper en habits du samedi ? La vérité, c’est que la chair ici attendrie, s’il elle s’enroule effectivement autour de beatboxes immédiatement délimitables dans la matière mousseuse du mix, en lignes claires, si elle suit bien l’architecture solides de tempi imperturbés, fleure totalement l’IDM l’arme-à-l’œil, main dans la main. Bonne nouvelle ? Super bonne nouvelle ! Musicien malicieux, sans cynisme, Daedelus affermit de jolies mélodies aphextwinesques (époque rose) en petits grooves gentillement conquérants, adorablement idiots, ravale la nu rave pour accueillir son poney-totoro, reprend le tube vintage r’n’b de Ghost Town DJ’s juste pour le bonheur de l’unheimlich (et c’est trop bien). Tout en douceur, dos tourné à l’ambition tapageuse de l’époque, cette salope, Daedelus fait plaisir à tout le monde. (Paru dans Chronicart, rubrique "Restons Simple")

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